05/09/2025 francesoir.fr  7min #289483

Robert F. Kennedy Jr. : une prise de position controversée et courageuse pour réformer le Cdc

Le Collectif Citoyen, France-Soir

Robert F. Kennedy Jr. : une prise de position controversée et courageuse pour réformer le CDC

HHS Capture d'écran

Le 3 septembre 2025, Robert F. Kennedy Jr., secrétaire d'État à la Santé et aux Services humains (HHS) des États-Unis,  a publié une vidéo sur X où il critique vivement le Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Dans cette prise de position, Kennedy affirme que le CDC, autrefois considéré comme le gardien le plus fiable de la santé publique mondiale, a dévié de sa mission originelle en raison de la bureaucratie, de la politisation de la science et d'une extension de ses missions qui a érodé la confiance du public. Sa déclaration, marquée par un ton ferme, s'inscrit dans un contexte de réformes profondes au sein de l'agence, mais aussi de vives controverses, notamment suite à des démissions récentes au CDC.

Une critique sans détour

Dans la vidéo, Kennedy commence par rappeler l'histoire du CDC, soulignant son rôle initial de protection des Américains contre les maladies infectieuses. Cependant, il accuse l'agence d'avoir dérivé au fil des années, notamment pendant la pandémie de COVID-19, où des mesures comme les obligations de masques pour les tout-petits, la distanciation sociale de six pieds sans base scientifique, les confinements économiques dévastateurs et la promotion de traitements expérimentaux au détriment de thérapies à faible coût auraient été imposées. Il impute ces décisions à une politisation de la science, affirmant que le CDC a mis la politique avant la médecine fondée sur des preuves, avec des conséquences dévastatrices pour la santé publique et l'économie.

Kennedy pointe du doigt une politique de confinement scolaire rédigée par des syndicats d'enseignants et présentée comme scientifique, ainsi qu'une gestion inefficace de la pandémie qui a conduit les États-Unis, malgré seulement 4,2 % de la population mondiale, à enregistrer près de 19 % des décès dus au COVID-19. Il attribue cette situation à une série de dysfonctionnements chroniques au sein du CDC, y compris une augmentation des maladies chroniques et une diminution de l'espérance de vie, tout en soulignant la perte de confiance du public envers l'agence.

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Une mission de restauration

Face à ces constats, Kennedy déclare que sa mission est claire : restaurer la focalisation du CDC sur les maladies infectieuses, promouvoir l'innovation et reconstruire la confiance à travers la transparence et la compétence. Il cite l'exemple d'une flambée de rougeole au Texas, gérée rapidement grâce à une réponse efficace qui, selon lui, n'était ni pro-vaccin ni anti-vaccin, mais simplement efficace. Il insiste sur l'importance de reconnaître les liens entre maladies infectieuses et chroniques, ainsi que les effets secondaires potentiels des vaccins et des antibiotiques, plaidant pour une approche équilibrée qui ne nie pas les risques.

Pour atteindre ces objectifs, Kennedy détaille un plan d'action qui inclut la protection contre les menaces grâce à des outils de détection avancés, le renforcement des infrastructures nationales et internationales, la modernisation des données de laboratoire, la reconstruction d'une force de travail spécialisée dans les maladies et l'application de standards scientifiques rigoureux. Il mentionne également des mesures déjà prises, comme le remplacement de la direction du CDC et l'élimination des conflits d'intérêts, soulignant que les Américains ont élu Donald Trump, et non des bureaucrates, pour définir les politiques de santé.

Contexte de controverses et de démissions

Cette prise de position intervient dans un climat tendu au sein du CDC. Depuis l'arrivée de Kennedy à la tête du HHS, plusieurs hauts responsables du CDC, dont la directrice Susan Monarez, ont été limogés ou ont démissionné, provoquant une vague de protestations. Plus de 1 000 employés actuels et anciens du HHS ont signé une lettre accusant Kennedy de mettre en danger la santé publique, citant des manipulations de données et des coupes budgétaires dans des programmes de recherche, notamment sur les vaccins. Les démissions récentes, notamment celles de Dr. Demetre Daskalakis, Dr. Debra Houry et Dr. Daniel Jernigan, ont été accompagnées de rassemblements de soutien devant le siège du CDC à Atlanta, les employés dénonçant des interférences politiques.

Cependant, ces démissions sont perçues différemment par les partisans de Kennedy. Ils arguent que les personnes ayant quitté l'agence adhéraient à des postures qu'il combat, notamment une approche qu'il qualifie de « non scientifique » et influencée par des agendas idéologiques. Par exemple, Daskalakis, connu pour ses positions sur les politiques de santé publique liées à la diversité et à l'inclusion, a été critiqué pour avoir priorisé des initiatives perçues comme éloignées de la mission principale du CDC. De même, Houry et Jernigan sont accusés d'avoir soutenu des politiques controversées pendant la pandémie, comme les confinements et les obligations de masques, qui, selon Kennedy, ont manqué de base scientifique rigoureuse.

Le rôle de Jay Bhattacharya et les  réformes initiées par le décret de Trump

Ces réformes s'inscrivent dans un cadre plus large défini par  un décret présidentiel de Donald Trump et par les orientations de Jay Bhattacharya, récemment nommé directeur du National Institute of Health (NIH). Bhattacharya, connu pour ses critiques des confinements et de la censure scientifique pendant la pandémie, partage avec Kennedy une vision qui privilégie la liberté d'expression en science et rejette ce qu'il appelle la « politisation » de la recherche. Dans une interview récente, Bhattacharya a dénoncé les « serments de loyauté » imposés par les universités et les agences fédérales, comme les déclarations sur la diversité, l'équité et l'inclusion (DEI), qu'il considère comme des obstacles à l'excellence scientifique.

Bhattacharya a également souligné l'importance de restaurer une science de référence, libre de toute influence idéologique. Il a plaidé pour une approche qui privilégie les données empiriques et les résultats concrets, plutôt que des agendas politiques. Ces idées sont en phase avec les réformes que Kennedy cherche à impulser au CDC, notamment en recentrant l'agence sur sa mission originelle et en éliminant ce qu'il perçoit comme des distorsions bureaucratiques et idéologiques.

Une polarisation croissante

La prise de position de Kennedy a suscité des réactions polarisées. D'un côté, ses partisans saluent une démarche courageuse et une détermination sans failles pour restaurer l'intégrité scientifique et la confiance du public. De l'autre, ses détracteurs, notamment d'anciens dirigeants du CDC et des organisations médicales, craignent que ses réformes ne compromettent la sécurité sanitaire nationale, notamment en réduisant les fonds pour les vaccins et en limogeant des experts qualifiés.

Cette tension est exacerbée par le contexte politique plus large, où les politiques de santé publique sont devenues un champ de bataille idéologique. Les critiques accusent Kennedy d'avoir une approche « anti-vaccin » et de saper les fondements de la santé publique, tandis que ses défenseurs soutiennent qu'il cherche à corriger des excès et à recentrer les priorités sur des bases scientifiques solides en exigeant une revue des données scientifiques. Quoi de plus normal pour restaurer la confiance !

La vidéo de Robert F. Kennedy Jr. marque un tournant dans sa stratégie de réforme du CDC, mais aussi dans le débat public sur la santé publique aux États-Unis. En plaidant pour une restauration de la science de référence et en critiquant les dérives bureaucratiques et idéologiques, Kennedy s'aligne sur les orientations de Jay Bhattacharya et sur les réformes impulsées par Donald Trump. Cependant, les démissions récentes au CDC et les protestations qui en découlent illustrent la profondeur des divisions sur ces questions. Alors que Kennedy se prépare à témoigner devant le Sénat, l'avenir du CDC et de la santé publique américaine reste suspendu entre la promesse de réformes audacieuses et les risques d'une instabilité institutionnelle. Est-ce le prix de la conscience et le prix pour restaurer la confiance du public dans les institutions ?

Dans son audition au Sénat de ce 4 septembre 2025, Kennedy Jr. déclare : « nous sommes devenus le pays le plus malade dans le monde, je dois m'assurer que cela ne se reproduise pas ».

We became the sickest country in the world.

I need to make sure this doesn't happen again.  pic.twitter.com/ihNBfyDWKd

— Secretary Kennedy (@SecKennedy)  September 4, 2025

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